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Quelles solutions pour une épargne à long terme dans un monde à taux zéro ?

23 septembre 2016 par Benjamin CLAVEL

Après avoir vu quelles étaient les questions à se poser pour gérer son patrimoine dans un monde à taux zéro, puis quelles étaient les solutions d’investissement adaptées pour placer des capitaux à court terme, nous allons faire le point ici sur les supports adaptés pour des placements de long terme. Et soyons clairs tout de suite: qui dit épargne de long terme dit forcément supports non garantis. 

Quelles sont les classes d’actifs les plus rentables à long terme ?

L’analyse de l’IEIF

Une analyse des performances à long terme des classes d’actifs permet de se faire une idée assez claire de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Dans ce but, l’analyse de l’IEIF , accessible ici, permet de voir rapidement qui sont les gagnants à long terme (sur 20 ans):

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L’étude permet d’avoir l’info sur 10, 20, 30 ou 40 ans mais pour ma part je vais volontairement m’arrêter sur 20 ans. Pourquoi 20 ans ? Car pour moi le projet patrimonial de long terme par excellence c’est la préparation de la retraite. Or l’age moyen à partir duquel les Français comment à s’y intéresser c’est 45 ans (cf. Etude Deloitte sur les retraites). Donc ils disposent à ce moment là d’environ 20 ans pour épargner au mieux pour leur retraite.

 

Une fois cela posé, intéressons nous aux chiffres de l’étude de l’IEIF… et prenons un peu de recul.

Prenons un peu de recul

Sur la période analysée par l’IEIF les classes d’actifs les plus rentables sont clairement l’immobilier et les actions, sous diverses formes, puisqu’elles trustent les premières places (dans l’ordre):

  • foncières cotées
  • actions
  • logements
  • vignobles
  • bureaux

Mais attention, ces chiffres sont ceux du passé (1994 – 2014), pas de l’avenir. Or si j’ai 45 ans aujourd’hui et que je veux préparer ma retraite ce qui va m’intéresser ça n’est pas de savoir quelles ont été les classes d’actifs les plus performantes dans le passé, mais d’essayer de trouver celles qui le seront dans l’avenir.

 

Oui mais ça c’est le passé… qu’en sera-t’il de l’avenir ?

Selon moi certaines des classes d’actifs qui ont bien fonctionné sur les 20 dernières années ne sont pas du tout intéressantes pour le futur:

  • l’or par exemple, qui n’a pas démérité sur cette période, est bien trop volatil. Par ailleurs la fiscalité est peu favorable et c’est un actifs un peu particulier, qui ne génère aucun revenu mais au contraire coûte de l’argent pour le conserver (location d’un coffre, assurance, …). Par ailleurs son évolution est très liée à l’évolution des des devises (notamment la parité Euro / Dollars), trop peu lisible à long terme. Bref en acheter un peu pourquoi pas. Mais ça ne peut pas être une solution sur laquelle investir une part significative de son épargne de long terme.
  • le terme « assurance-vie » est utilisé abusivement dans cette étude pour parler du fonds en Euros des contrats d’assurance-vie. Et si vous lisez régulièrement ce blog vous avez du comprendre que ces fonds en Euros sont condamnés à ne rapidement plus rien rapporter. Ils ne peuvent donc plus être une solution d’épargne de long terme.

 

Les foncières cotées, qui arrivent numéro 1 de ce classement, sont des supports un peu hybrides puisque ce sont des entreprises cotées en bourse (donc des actions) dont l’uniquement activité est de détenir et de valoriser au mieux un patrimoine immobilier (donc de l’immobilier). Leur « suprématie » sur ces 20 ans me renforce encore dans mon idée que pour générer de la performance à long terme il faut miser à la fois sur les actions et sur l’immobilier.

 

Les actions sont indispensables pour tout projet de long terme

Les Français sont allergiques aux actions, ils ne sont que très peu nombreux à en détenir, et ceux qui en détiennent n’investissent en général qu’une part très minoritaire de leur capital en actions. Et c’est une grave erreur.

 

Prenons un fonds en exemple: Carmignac Investissement

Carmignac Investissement est un fonds investi en actions internationales et géré par la société Carmignac Gestion depuis 1989. Je l’ai choisi à titre d’exemple car, outre le fait que c’est un support que je suis régulièrement et donc que je connais bien, il a l’avantage d’avoir un historique très conséquent (plus de 25 ans) et en plus la société de gestion met à disposition un simulateur très pratique sur son site Internet. Bref je ne vous recommande pas spécifiquement Carmignac Investissement, je m’en sers juste d’illustration.

Faisons donc un petit calcul en partant du principe que nous avons placé 100 € / mois sur Carmignac Investissement entre septembre 1996 et août 2016 (20 ans). Sur cette période nous avons donc placé 24 000 €. Or le capital final est lui de… 63 037 !

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Cela représente donc un gain de 39 000 € sur la période, et surtout une performance annualisée d’environ 9 %.

 

Que tirer de cet exemple ?

Ce qu’il faut selon moi retenir de cet exemple c’est que malgré les crises boursières dont on nous parle à longueur de temps, malgré un contexte économique pas toujours rose, il est tout de même possible, d’obtenir une valorisation très importante de son épargne en investissant à long terme en actions.

Mais cela implique de choisir soigneusement ses supports d’investissement (avoir recours à un professionnel de la gestion de patrimoine me semble préférable), d’être prêt à réaliser des arbitrages si nécessaire, d’être régulier dans son effort d’épargne (pour réduire le risque) et surtout d’avoir du temps devant soi pour ne pas devoir se préoccuper des fluctuations de marché à court terme.

Bien sur cet exemple repose sur le passé, pas sur l’avenir. Mais ça permet, il me semble, de remettre en perspective la rentabilité potentielle des marchés actions à long terme.

 

L’immobilier, encore un vrai potentiel… mais pas sur tout !

S’il est souvent difficile de convaincre des épargnants français d’investir en actions, c’est beaucoup plus simple quand on leur parle d’immobilier. Et au vu des chiffres de l’étudie IEIF ils ont sans doute raison. Oui mais… les recettes du passé ne sont pas forcément adaptées à l’avenir.

Bien sur on pourrait écrire des romans sur l’immobilier, je vous cependant tacher de vous livrer le fonds de ma pensée de façon concise.

 

Logements: trop cher et pas assez rentables

Mon analyse est encore et toujours la même depuis plusieurs années déjà: je ne considère pas qu’il soit intéressant financièrement d’investir en immobilier d’habitation pour faire de location.

L’évolution des prix de l’immobilier sur la décennie 2000 a été bien plus forte que l’évolution des loyers sur cette même période. Et par conséquent les rendements ont beaucoup baissé. Aujourd’hui, quand on intègre toutes les charges et autres impôts je considère que le rendement net n’est pas suffisant pour justifier le risque encouru (risquer de ne pas encaisser de loyer, risque de moins-value) et le temps passé (même en ayant recours à une agence immobilière pour la gestion courante il faudra toujours être derrière).

Bref sauf cas bien spécifiques (achat a prix cassé / personne ayant les compétences pour rénover une ruine …) ça n’est pas une classe d’actifs qui me semble attractive.

 

Bureaux / SCPI: oui !

Le marché de l’immobilier d’entreprises conserve à mon avis de l’intérêt. Que ce soit en achetant soi-même des murs de bureaux / commerce pour les louer (mais ça nécessite des capitaux importants et pas mal de travail), ou ayant recours à des supports « pierre papier » comme les SCPI ou encore les SCI et OPCI bien plus adaptés pour l’immense majorité des Français. C’est donc une classe d’actifs qu’il me semble nécessaire de privilégier pour son épargne de long terme.

Les rendements restent attractifs (4,85 % en moyenne en 2015 pour les SCPI par exemple) et les prix sont actuellement orientés à la hausse (ce qui permet d’envisager quelques plus-values).

 

Vignes: pourquoi pas…

Pour ne rien vous cacher j’ai été surpris de trouver les vignes dans le classement de l’IEIF. C’est une classe d’actifs que je connais mal. Et je vais donc me renseigner sur le sujet afin de me faire une idée définitive.

Mais à ce stade il me semble que, malgré un régime fiscal très favorable, les vignes présentent deux inconvénients assez importants: les rendements locatifs de parcelles de vigne sont très faibles et surtout en acheter est très difficile. Bref même si ça pourrait éventuellement être une solution de diversification patrimoniale à long terme, ça ne pourra pas servir à placer une part significative de son épargne.

Affaire à suivre… (promis, je vais creuser)

 

Le choix du régime fiscal de l’investissement: le nerf de la guerre

Générer beaucoup de rendement ne sert à rien si c’est au final pour en perdre la plus grosse part en imposition. Opter pour le régime fiscale le plus adapté à sa situation personnelle est donc essentiel. Et oui… bienvenue en France, le pays champion du monde de la pression fiscale 😉

Alors évidemment pour investir en actions dans un cadre fiscal privilégie on va facilement penser à l’assurance-vie ou au PEA.

Mais même pour l’immobilier il est possible de faire des choses extraordinaires d’un point de vue fiscal avec l’assurance-vie ou encore l’usage du démembrement temporaire de propriété.

Bien sur tout dépend de la situation de chacun. Et passer par un professionnel de la gestion de patrimoine me semble donc impératif.