Bien comprendre les options de rente viagère
28 août 2016 par Benjamin CLAVEL
Dans le contexte de taux d’intérêts très faibles, qui devrait perdurer pendant longtemps et qui pèse lourdement sur la rentabilité de l’épargne des investisseurs, les solutions d’investissement avec sortie en rente viagère deviennent une option très attractive pour s’assurer un niveau de vie dans ses vieux jours. On pense notamment au PERP, mais aussi à la retraite Madelin (dédiée aux Travailleurs Non Salariés), dont la sortie se fait obligatoirement en rente, mais aussi à l’assurance-vie ou au PEA qui peuvent être transformés en rente. Oui mais il n’est pas toujours évident de s’y retrouver dans le « jargon » des assureurs concernant les différentes « options de rente » proposées. Or le choix des options adaptées à sa propre situation est évidemment crucial. Nous allons donc voir ici quelles sont les options qui existent et ce qu’elles impliquent.
C’est quoi une rente viagère ?
La rente viagère est un revenu versé régulièrement (généralement mensuellement ou trimestriellement) à un « rentier » jusqu’à son décès. Le montant de la rente dépend de 2 facteurs:
- le montant du capital transformé en rente (capital versé par le rentier au payeur de la rente – généralement un assureur – soit en une fois, soit de manière étalée dans le temps)
- le taux de rente (c’est à dire de la fraction du capital payé au départ qui sera versé au rentier chaque année). Ce taux de rente dépend principalement de l’espérance de vie du rentier, et donc de son âge. Il est ainsi évident que la rente perçue chaque mois sera plus élevée pour une personne qui transforme un capital en rente à 70 ans que pour une personne qui aurait 60 ans. Le taux de rente est aussi influencé par les éventuelles options de rente choisies.
La rente viagère a un avantage considérable: le rentier est assuré de percevoir un revenu minimal (qui peut être revalorisé chaque année >>> nous en parlerons plus loin) jusqu’à son décès.
L’inconvénient majeur de la rente est que celle-ci comporte un aléa, à savoir la longévité du rentier >>> celui-ci peut au final, s’il vit plus longtemps que la moyenne, percevoir plus que ce qu’il a versé au départ à l’assureur, mais il peut aussi percevoir moins s’il décède prématurément. Toutefois de nombreuses options de rente existent pour palier à cet aléa.
Rente viagère: de nombreuses options
Malheureusement toutes ces options ne sont pas proposées par l’ensemble des assureurs, et leur cout (c’est à dire l’impact sur la rente versée) peut varier de l’un à l’autre. Mais il est essentiel de les avoir en tête pour prendre la meilleure décisions possible pour son épargne. A noter: certaines options de rente sont cumulables.
La rente réversible:
La rente réversible est une rente qui, au décès du rentier, est payée à un tiers – généralement le conjoint (qui prend alors sa place). La réversion peut être totale (c’est à dire que le conjoint perçoit alors 100 % de la rente que percevait le rentier), partielle (60 % par exemple) ou encore majorée (150 % par exemple). Le coût de cette option va dépendre à la fois de l’âge du conjoint (évidemment si votre conjoint a 20 ans de moins que vous, et donc une espérance de vie bien plus longue, l’impact sera plus élevé que s’il a le même âge que vous), et aussi évidemment du taux de réversion (un réversion de 100 % de la rente coûte forcément plus cher qu’une réversion à 60 %).
C’est une option fréquemment utilisée pour protéger son conjoint en cas de décès.
La rente avec annuités garanties:
Une rente avec annuités garanties est une rente dont le paiement sera effectué au minimum pour une durée prévue initialement. Par exemple une rente avec 15 annuités garanties sera au minimum payée pendant 15 ans, même en cas de décès du rentier avant ce terme. C’est alors les personnes qui auront été préalablement désignées comme bénéficiaires qui percevront la rente à sa place. Exemple: je décède au bout de 3 ans, ma femme perçoit la rente à ma place pendant encore 12 ans. Si elle même venait à décéder avant le terme de ces 12 ans alors ce seraient par exemple mes enfants qui percevraient la rente pour la durée restante.
Mais il faut bien garder en tête que les annuités garanties sont un minimum: si je vis pendant 30 ans, ma rente me sera bien payée pendant 30 ans.
L’avantage de cette option est que son coût est généralement très faible (à conditions d’opter pour une durée raisonnable compte tenu de son espérance de vie) et qu’elle permet d’éviter de perdre le capital pour rien en cas de décès précoce.
La rente à palier:
Le principe de la rente à palier est de la majorer ou de la minorer dans les premières années selon ses besoins. On considère par exemple qu’un retraité a des dépenses plus importantes lors de ses premières années de retraite (quand il est en forme et qu’il en profite pour sortir ou voyager par exemple) qu’après 75 ou 80 ans. On peut donc envisager de demander à recevoir une rente plus élevée les 5 premières années par exemple, puis une rente plus faible par la suite.
A l’inverse une personne qui aurait des revenus complémentaires lors de ses premières années de retraite (cumul emploi / retraite), pourrait demander une rente plus faible lors des premières années puis une rente plus élevée ensuite.
La rente avec option dépendance:
L’option dépendance prévoit que le rente initialement versée soit doublée si le rentier se retrouve en situation de dépendance. Cela permet de faire face plus facilement aux dépenses qu’implique une situation de dépendance, comme une aide à domicile ou une maison de retraite.
La rente avec garantie décès:
Cette option, disponible chez très peu d’assureurs, élimine totalement le risque de longévité pour le rentier puisque, en cas de décès, le reliquat de capital qu’il n’a pas perçu est versé à ses bénéficiaires. Si par exemple le rentier a converti un capital de 100 000 € en rente et que, à son décès, il n’a perçu que 20 000 € de rente au total, alors le solde (80 000 €) sera versé aux bénéficiaires qu’il aura désigné. C’est une solution extrêmement sécurisante.
Dernier point à garder en tête: la revalorisation de la rente
Au delà des options de rente et du taux de rente proposé au départ un autre point essentiel est à prendre en compte: la revalorisation de la rente. Car il ne faut pas oublier que l’espérance de vie à la retraite est de 25 à 30 ans. Sur une durée aussi longue il est important que la revalorisation soit au moins suffisante pour couvrir l’inflation afin de ne pas perdre de pouvoir d’achat, faute de quoi les conséquences pour le rentier peuvent être fâcheuses. C’est la raison pour laquelle je suis extrêmement méfiant vis à vis d’établissement comme la PREFON ou la COREM qui ne revalorisent plus leurs rentes depuis plusieurs années. Il est donc important de vérifier comment est déterminé le taux de revalorisation de la rente avant de s’engager, et idéalement d’obtenir l’historique de revalorisation des dernières années.
Bien évidemment se faire accompagner par un professionnel de la gestion de patrimoine me semble essentiel afin de faire le bon choix.