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Fonds Euro: quels enseignements tirer des taux déjà annoncés ?

20 janvier 2017 par Benjamin CLAVEL

Chaque jour ou presque de nouveaux résultats de fonds en Euros sont publiés par les assureurs. Ces chiffres sont évidemment scrutés avec attention puisque, faut-il le rappeler, les fonds en Euros à capital garanti représentent environ 85 % des 1600 milliards d’Euros d’encours financiers investis par les Français en assurance-vie. Pas rien donc. Et la tendance semble pour le moment conforme à ce qui était attendu par les experts, à savoir une baisse moyenne de l’ordre de 0,4 à 0,5 % (la moyenne devrait passer de 2,3 % en 2015 à 1,9 % en 2016). Voyons ensemble quels premiers enseignements on peut tirer de ces résultats.

 

Des rendements globalement orientés à la baisse

Evidemment tous les assureurs n’ont pas encore annoncé le rendement de leurs fonds en Euros au titre de l’année 2016 (certains ne le feront pas avant le mois de mars), mais on peut déjà clairement voir une baisse moyenne d’environ 0,5 %. Une baisse qui s’explique principalement par deux facteurs: la baisse de rendement des obligations et l’augmentation des réserves des assureurs.

La baisse de rendement des obligations

Les fonds en Euros sont composés, en moyenne, d’environ 85 % d’obligations, c’est à dire de crédit aux Etats ou aux entreprises. Or les rendements des obligations sont en baisse très importante si on regarde sur les 5 dernières années par exemple. Alors qu’à fin 2011 l’OAT 10 ans, c’est à dire le titre de dette émis par l’Etat français à 10 ans, rapportait environ 3 % / an, son rendement n’était plus que de 0,8 % / an environ à fin 2016. Soit près de 4 fois moins. Dans ce contexte généralisé de baisse de rendement des nouvelles obligations qu’achètent chaque jour les assureurs soit en remplacement des anciennes qui arrivent à échéance soit pour investir les nouveaux capitaux qui leur sont confiés par leurs clients, il ne peut pas y avoir de miracle.

 

Le besoin de faire des réserves pour préparer des temps encore plus durs

Les assureurs sont bien conscients qu’ils vont faire face à plusieurs années de taux d’intérêt des obligations très faibles. Et, comme la part d’anciennes obligations (mieux rémunérées) diminue peu à peu dans leurs portefeuilles, ils anticipent des futures baisse de rendement de leurs fonds en Euro. Pour faire face à ça l’immense majorité des assureurs constitue des réserves, en mettant une partie du rendement potentiel de leur fonds en Euro de coté afin de le distribuer plus tard (la réglementation leur imposant de redistribuer ces réserves sous 8 ans maximum). L’idée étant de pouvoir atténuer des chocs futurs et ainsi de « lisser » la baisse de rendement dans le temps.

Il faut noter que les pouvoirs publics, Banque de France et ACPR en tête, font clairement pression sur les assureurs depuis 2 ans pour les inciter à accroître leurs réserves afin d’éviter tout potentiel choc systémique (une chute trop brutale des rendements pourrait en effet entraîner une vague de retraits de capitaux conséquent pouvant mettre en difficulté le ou les assureurs concernés). Rares sont désormais les assureurs à ne pas suivre ces recommandations de bon sens.

 

Des destins divers selon le type de fonds en Euro

Pour aller plus loin dans l’analyse on peut voir que les fonds en Euro ont connu des destins divers en 2016, notamment du fait de leur « type » (et donc des actifs dans lesquels ils investissent).

 

Les fonds en Euros « classiques » sont sur une pente inexorablement baissière

Les fonds en Euros « classiques » sont composés en moyenne de 85 à 90 % d’obligations. Le solde étant investi sur des actifs plus dynamiques, comme les actions ou l’immobilier. Ils sont donc très durement touchés par l’effondrement des rendements obligataires.

Au titre de l’année 2016 on peut noter des rendements très différents selon les assureurs: de 2,90 % pour le contrat Gaipare assuré par Allianz, à 1,20 % pour certains contrats de la Macif.

Cette typologie de fonds en Euros n’est quoi qu’il en soit une solution d’avenir selon moi (peu importe l’assureur). Si toutefois vous en possédez encore, ou si vous envisagez d’investir sur un tel fonds en Euros, je vous invite à vous pencher sérieusement sur le niveau des réserves. Les mieux disant de 2016 au niveau des taux ne seront pas forcément les mieux disant à l’avenir, notamment si l’assureur ne dispose que de très peu de réserves.

 

Les fonds en Euros « dynamique » ont subi de plein fouet la chute des marché début 2016

Les fonds en Euros « dynamiques » sont gérés selon la méthode du coussin:

  • entre 70 et 80 % du capital est investi de manière traditionnelle >>> c’est le coussin
  • 20 à 30 % du capital est investi de manière dynamique pour booster la performance >>> c’est le moteur de performance

Or 2016 a été une année très difficile pour les actions puisque courant février le CAC 40 baissait d’environ 20 %. Pour préserver le capital de leurs assurés la plupart des gestionnaires de fonds en Euro ont donc vendu les actions en lourde perte, et annulé par conséquent tout espoir de rendement sur l’année.

Les rendements sur ces fonds en Euros s’établit pour le moment entre 0,25 % et 1,82 %.

Ce type de fonds en Euros, aux performances très irrégulières puisque le rendement peut être de presque 4 % une année puis de 0 l’année suivante, conserve un réel intérêt à moyen / long terme.

 

Les fonds en Euros « immobilier » s’en sortent bien

Cette catégorie de fonds en Euros, très rare puisque seuls 3 fonds à Euros sont investis à au moins 50 % en actifs immobiliers, devrait continuer à afficher de très beaux rendements.

A ce jour deux ont communiqué leur taux de rendement 2016: 2,50 % pour Europierre et 3,04 % pour Euro Allocation Long Terme.

Ces fonds en Euros à dominante immobilière sont à mon avis les plus attractifs pour le long terme puisque l’immobilier d’entreprise continue de distribuer des revenus réguliers nettement plus élevé que celui des obligations. Ils sont toutefois rares, et par ailleurs une contrainte d’investissement en Unités de Compte est imposée pour y avoir accès (40 % pour Europierre et 25 % pour Euro Allocation Long Terme par exemple).