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Avez-vous le profil du « mauvais » investisseur en bourse ?

21 septembre 2012 par Benjamin CLAVEL

visage mécontent

A force de rencontrer des particuliers avec des portefeuilles boursiers en très lourde perte, j’ai pu me faire une idée de ce qui fait qu’à coup sûr un investisseur en bourse va aller droit dans le mur. Car finalement les erreurs commises sont presque toujours les mêmes, et si bien sûr la tendance générale des marchés et parfois la chance jouent sur les performances, on peut dégager un profil type du « mauvais » investisseur en bourse.

Je vous propose donc, à travers l’exemple fictif de Paul, de voir quels sont les facteurs qui caractérisent pour moi le « mauvais » investisseur en bourse, c’est-à-dire celui qui va presque à coup sûr à l’échec.



Paul, l’histoire d’un échec boursier prévisible:

Paul est salarié cadre. Il gagne bien sa vie et dispose d’un patrimoine confortable. En mars 2000 il a voulu faire comme tout le monde et il a ouvert un compte-titres dans sa banque en versant l’équivalent de 30 000€. Il faut dire qu’il en avait marre d’entendre François et Richard, ses collègues de travail, se vanter de gagner beaucoup d’argent en bourse alors que lui n’y était pas. Après tout il n’était pas plus bête qu’eux, alors il s’y est mis aussi et puis son banquier lui a confirmé que c’était une bonne idée.

Il a acheté des actions Société Générale, conseillées par son banquier, des actions France Télécom (l’entreprise dans laquelle il travaille) et puis des actions Alcatel parce que son fils bossait chez eux. Il a aussi acheté quelques autres actions pour compléter son portefeuille, en suivant les conseils qu’il a pu lire dans son magazine financier préféré (il avait pris un abonnement pour l’occasion) et d’autres dont on parlait souvent en bien dans le 20 heures de TF1. Au final 7 valeurs, toutes des grandes entreprises françaises bien connues de tous. Pendant quelques semaines ça l’a bien amusé, surtout qu’au départ ça montait bien.

Malheureusement tout s’est effondré après quelques mois seulement, mais Paul en est certain: ce n’est pas de sa faute c’est cette maudite bourse qui a perdu la tête. Du coup il ne vend pas il attend que ça remonte parce que ses banquiers successifs (ça change tous les 2 ans) lui ont rappelé que « tant qu’on ne vend pas, on ne perd pas ». A part cet adage plein de bon sens, il n’a eu aucun conseil de ses banquiers. Ce serait trop bête de vendre à perte, les actions finiront bien par remonter. Du coup comme son portefeuille a fondu de plus de moitié en quelques mois il a rapidement arrêté de le suivre. Depuis 2001 il n’a plus passé aucun ordre sur son compte. Ça l’énerve de voir cette perte et comme ça agace aussi Brigitte, sa femme, il s’empresse de classer les relevés de compte quand ils arrivent sans vraiment les regarder pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. Il a aussi arrêté son abonnement au journal financier, de toute façon la bourse il n’y comprend rien.

Aujourd’hui Paul a moins de 15 000 € sur son compte et il n’en est pas fier. Pour lui la bourse c’est le casino et il n’y mettra plus les pieds. Il se l’est promis dès que ses actions reviennent à leur prix d’achat il vend tout et il investit dans l’immobilier, au moins c’est une valeur sure qui ne perd jamais. D’ailleurs c’est de ça que ses collègues de bureau parlent maintenant pendant la pause café, il va bien falloir qu’il s’y mette aussi un de ces jours.

Quelles erreurs Paul a-t-il faites?

Bon après cette petite histoire, voyons quels sont les points qui font de Paul un « mauvais investisseur »:

Il a investi en bourse parce que c’était à la mode:

Ses collègues de bureau gagnaient tous de l’argent en bourse (pas étonnant après 4 années entre 20 et 50 % de hausse) alors il a décidé de s’y mettre lui aussi. Etait-ce adapté à son profil ? Etait-ce le bon moment ? Il ne s’est sans doute pas posé ces questions.

De même il veut maintenant tout vendre pour acheter de l’immobilier, là aussi pour suivre la tendance. Une nouvelle désillusion en perspective sans doute…

Il a acheté ses actions sans aucune stratégie:

On n’achète pas une actions parce qu’on aime bien l’entreprise ou parce que son fils y travaille. Il faut faire une analyse de son activité, de ses perspectives de croissance, du potentiel d’appréciation du titre. Ensuite il faut décider à quel prix maximum on est prêt à acheter l’action, et surtout à quel niveau de plus-value on envisage de la vendre si on a eu raison et à quel niveau de moins-value on coupera sa position si on s’est trompé.

Paul aurait par ailleurs dû utiliser des ordres « stop »  pour limiter sa perte à un niveau rattrapable. Depuis 2005-2006 il aurait même pu utiliser des ordres « intelligents » qui lui auraient permis de préparer à la fois une sortie gagnante et une sortie perdante sur chacun de ses valeurs.

Il ne diversifie pas ses investissements :

Paul s’est positionné sur un un tout petit nombre de valeurs et bien sûr toutes en France. Il n’a aucune notion de ce que peut être la diversification quantitative, sectorielle ou géographique.

Pire il ne tient pas compte de la corrélation entre les valeurs et achète des nouvelles lignes sans mesurer leur impact sur son portefeuille global.

Il n’est ni formé, ni informé :

L’information c’est la clé, et elle circule très vite. Paul aurait sans doute dû investir dans un abonnement aux Echos ou à la Tribune, seuls vrais quotidiens dédiés à l’information économique et financière.

Il aurait par ailleurs dû se former aux fondamentaux de la gestion de portefeuille, au jargon boursier et connaître la signification et l’importance des divers ratios régulièrement analysés. Ça lui aurait sans doute évité d’aller dans le mur.

Il ne sait pas choisir son teneur de compte:

Paul a choisi la solution de facilité en ouvrant son compte-titres dans sa banque. Mais ça lui coute cher et il ne bénéficie d’aucun conseil et d’aucun suivi.

Pour faire du bon travail il faut de bons outils, et par conséquent un bon investisseur doit choisir un bon teneur de compte: celui-ci doit avoir un site Internet complet et lisible, mettre à disposition des outils pointus (ordres intelligents, …), donner accès à diverses plateformes de passage d’ordres (Euronext, Tradegate, …), avoir un service client compétent et disponible, le tout pour un tarif raisonnable. Le moins cher n’est pas forcément le meilleur, et le plus cher non plus d’ailleurs.

Il ne sait pas se remettre en cause et accepter ses erreurs:

Si ça baisse ce n’est pas de sa faute, c’est la faute du marché qui perd la tête. Et il refuse de vendre des valeurs en perte: il préfère attendre que ça remonte, peu importe le niveau de moins-value latente. Pour rappel une actions qui a baissé de 50 % devra remonter de 100 % pour revenir à son niveau initial. Est-ce bien raisonnable d’attendre une telle hausse d’une valeur qui est en chute libre ??? Dans la plupart des cas non. Mais vendre à perte c’est reconnaître qu’on s’est trompé, ce qui n’est psychologiquement pas facile mais pourtant indispensable. Après tout si on diversifie un portefeuille c’est justement parce qu’on sait bien qu’on n’aura pas raison sur toutes les valeurs que l’on va choisir: certaines vont monter, d’autres baisser. Mais garder celles qui baissent et attendre qu’elle remontent n’est pas une stratégie tenable.

Il ne sait pas optimiser la fiscalité de ses placements:

PEA, compte-titres, assurance-vie, contrat de capitalisation: les enveloppes fiscales ne manquent pas pour investir en bourse. Paul a choisi le compte-titres ce qui n’était sans doute pas la meilleure option. Chacune de ses 4 enveloppes fiscales a ses avantages et ses inconvénients et faire le mauvais choix peut avoir des conséquences désastreuses.

Il ne suit pas régulièrement ses placements:

Un portefeuille qui n’est pas suivi très régullièrement c’est comme un bateau sans capitaine: il vogue au grès des vagues et des courants qui le poussent une fois dans un sens, une fois dans l’autre. Et au final, il coule ! La gestion d’un portefeuille boursier nécessite un temps de suivi très important et surtout très régulier.

Vous vous reconnaissez ? Réagissez !!!

Dans mon activité de Conseiller en Gestion de Patrimoine Indépendant (CGPI) je vois chaque semaine des personnes qui sont dans une situation relativement similaire à celle de Paul. Ils se sont lancés sur les marchés la fleur au fusil, puis quand ça a commencé à baisser ils ont fait l’autruche, laissé tomber et depuis leur portefeuille est en complète perdition.

Pourtant perdre de l’argent en bourse année après année n’est pas une fatalité et des solutions existent:

  • si vous voulez continuer à gérer seul en titres vifs alors il faut vous former, revoir votre stratégie, prendre le temps de suivre votre portefeuille et utiliser les outils mis à votre disposition par les teneurs de compte
  • si vous ne souhaitez plus gérer en titres vifs mais que vous voulez garder la main sur votre compte alors les OPCVM sont faits pour vous
  • si vous préférez ne plus vous occuper de rien vous devriez confier un mandat de gestion à des professionnels de la gestion d’actifs