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les obligations aussi ont leur sensibilité

8 juin 2012 par Benjamin CLAVEL

Une obligation est très souvent présentée comme un produit sans risque qui garantit un rendement et un capital. Sur ce dernier point, il suffit de se référer à la situation de crise actuelle sur les dettes d’Etats pour constater qu’il faut rester prudent en la matière…

Quand au rendement garanti, certains commercialisateurs partent du principe que le client n’aura jamais besoin de liquidités avant le remboursement de ses obligations et qu’il est donc nul besoin d’expliquer un phénomène pourtant essentiel qui est celui du risque de taux.

C’est bien entendu faire fi un peu rapidement des divorces, décès et autres problèmes financiers qui finiront par faire ressortir le mécanisme parfois au détriment du client.

Le produit obligataire est rémunéré essentiellement du fait du risque émetteur (il a été évoqué ci- dessus) et de la durée d’émission.

Les obligations: principes de base

Les taux d’intérêt du marché obligataire sont généralement pentifiés. Cela signifie que si on investit sur une obligation avec une durée de vie à 20 ans, on obtient, dans une configuration de taux classique, un meilleur rendement que sur 10 ans.

En termes de valeur obligataire, l’obligation détenue doit être comparée au taux de marché qui correspond à la durée de vie résiduelle de l’obligation. Ce qui importe, c’est le taux qui correspond à la durée de vie restant à courir pour une obligation donnée et non la durée de vie annoncée à l’émission.

Une obligation émise pour une durée de 20 ans, il y a 10 ans, à un taux de 5 %, sera comparée à une obligation de taux 10 ans d’aujourd’hui et non pas au taux 20 ans (durée résiduelle).

Le corollaire, à l’allongement de la durée d’immobilisation des fonds de l’investisseur, sera l’augmentation de la sensibilité du cours de l’obligation aux remontées de taux sur le marché obligataire.

Le sensibilité de l’obligation, un outil de mesure du risque

La sensibilité est très clairement un instrument de mesure de risque qui permet d’apprécier le risque de variation associé à la valeur d’un produit financier de taux (Titres de créance négociables, obligations ou OPCVM obligataires).

Ce principe s’applique à chaque obligation à taux fixe qui se voit, en fonction de sa maturité (durée de vie restant à courir), répercuter dans son cours l’impact plus ou moins important (plus la durée de l’obligation est longue plus l’impact est conséquent) de la variation des taux d’intérêt.

Le cours des obligations est associé à l’évolution des taux d’intérêt du marché obligataire qui va générer un effet inverse à son orientation sur le cours des obligations.

Ainsi, concrètement, lorsque les taux d’intérêt augmentent les cours des obligations baissent alors que lorsque les taux d’intérêt diminuent, les cours des obligations augmentent.

Prenons un exemple simple:

Afin d’illustrer ce principe, nous allons présenter un cas simplifié. Prenons le cas d’une obligation de 1 000 euros rémunérée à 5 %.

Chaque année, l’investisseur Gamma sur cette obligation recevra 50 euros lors du paiement des intérêts. Si les taux d’intérêt des nouvelles obligations émises diminuent pour atteindre 4 %, le montant de l’intérêt que Monsieur Gamma reçoit restera inchangé. Mais comme il est possible d’acheter ou de vendre des obligations, les investisseurs voudront acheter l’obligation de M. Gamme qui rapporte 5 % alors que les nouvelles obligations émises sur le marché, et de même maturité, ne rapportent elles que 4 %.

Du coup, les anciennes obligations de l’investisseur Gamma seront recherchées et leur prix va augmenter. Cela cessera quand il deviendra indifférent d’acheter les anciennes ou les nouvelles obligations, c’est-à-dire quand le rendement des anciennes obligations sera retombé à 4 % du fait de l’augmentation de leur prix d’achat (alors que leur prix de remboursement restera lui toujours à 1000 €).

La sensibilité est en résumé un indicateur important qui permet de mesurer la variation, à la hausse ou à la baisse, du prix d’une obligation ou de la valeur liquidative d’un OPCVM obligataire, induite par une fluctuation des taux d’intérêt du marché calculée fréquemment par rapport à un point de variation (0,01 %).

Et alors, en quoi est-ce un élément important pour l’investisseur particulier ?

Si l’on rapporte ce concept de sensibilité à un OPCVM obligataire, l’investisseur devra plutôt souscrire un OPCVM obligataire de sensibilité faible si sa durée d’immobilisation des fonds est inférieure à 5 ans, et à contrario, une sensibilité plus forte pour un horizon de placement plus long avec un risque de variation plus fort mais aussi un rendement, à la sortie, plus élevé.
Une sensibilité de + 5 pour un OPCVM obligataire (durée de vie moyenne du portefeuille aux alentours de 9 ans), signifie que sa valeur progressera de 5 % en cas d’une baisse des taux d’intérêt de 1 % pour la maturité 9 ans, et que sa valeur diminuera de 5 % en cas d’une hausse des taux de 1 % pour la même maturité.

L’impact sur la valeur d’un portefeuille obligataire est néanmoins compensé en partie du fait que le fonds encaisse des intérêts.

Comment « maitriser » cette sensibilité obligataire ?

Il existe différentes techniques permettant de cantonner la sensibilité obligataire.

Un moyen de gérer le risque de taux, et donc la sensibilité, consiste à investir dans des titres obligataires à taux variable. La difficulté tient au fait que très peu d’émetteurs proposent des obligations de cette nature.

Il est aussi envisageable de raccourcir la durée de vie moyenne des investissements d’un portefeuille obligataire en achetant, à l’occasion des futures souscriptions, des obligations dont la maturité est plus courte.

A titre d’exemple, en achetant des obligations à durée de vie 5 ans, nous obtenons un moindre rendement (chaque stratégie a son inconvénient) et une plus faible sensibilité, qu’avec un titre obligataire à 10 ans.

Avantage, si les taux remontent la valorisation chute beaucoup moins (pour 1 % de hausse avec une obligation à taux fixe sur 5 ans cela correspond à une chute de valeur de 2,7 % alors qu’il faut compter une chute de 5,5 % pour une hausse de 1 % sur une obligation à taux fixe sur 10 ans).

Autre point positif, si les taux remontent, et se maintiennent à un niveau plus élevé durant les 3 années qui viennent, l’investisseur peut sortir avec un faible risque d’être en négatif à la sortie (sauf très forte hausse des taux). De fait, la sensibilité diminue, au fur et à mesure, que le titre se rapproche de sa date de remboursement.

Il peut alors se repositionner sur des taux longs qui ont donc augmentés. A l’inverse, si l’investisseur achète uniquement des obligations avec des maturités très longues, le prix de vente, en cas de hausse de taux, sera évidemment bien plus pénalisé.

On peut enfin, le cas échéant, intervenir sur les contrats de taux sur les marchés dérivés. Toutefois, ce recours aux produits dérivés est souvent l’apanage des opérateurs de marché ou de conseillers particulièrement au fait de ces techniques.