Préparer sa retraite (3/6): compenser en piochant dans un capital
12 novembre 2014 par Benjamin CLAVEL
Nous voilà déjà au 3ème volet de cette série d’articles dédiés à la compréhension des enjeux de la retraite. Maintenant que vous avez évalué la perte de revenus à attendre lors de votre arrivée à retraite et que vous avez bien compris que le système étatique allait dans le mur, voici une première solution pour compenser la perte de revenus: se constituer un capital dans lequel piocher. Combien verser ? Quel type de compte faut-il ouvrir ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette stratégie ?
Accumuler pour pouvoir disposer d’un capital conséquent et disponible
Cette stratégie est la plus courante: mettre de coté de l’argent sur un compte (nous verrons plus tard quel type de compte privilégier) afin de le laisser capitaliser pour pouvoir piocher dedans une fois à la retraite.
Si elle présente un intérêt certain, à savoir la disponibilité du capital et la souplesse dans la phase d’épargne (j’épargne ce que je veux quand je veux, sans contrainte), cette stratégie n’est pas non plus dénuée d’inconvénient. Le risque majeur étant de se retrouver « à sec » au bout de quelques années de retraite car cette stratégie n’est pas nécessairement adaptée pour générer des revenus sur longue période.
L’idéal de beaucoup de Français, à savoir ne consommer à la retraite que les intérêts de leurs placement, pour transmettre leur capital aux enfants, sera sans doute de moins en moins réaliste car:
- l’espérance de vie augmente (aujourd’hui on est à la retraite pour environ 30 ans)
- le rendement des placements sans risque, plébiscités par les épargnants, diminue
- le niveau des retraites va nécessairement baisser (relire article précédent)
Il faudra donc probablement se résoudre, pour la plupart des Français à l’exception des plus aisés, à consommer leur capital une fois à la retraite. Et donc le risque d’épuiser trop rapidement cette ressource n’est pas à négliger…
L’importance du temps et du rendement
La durée de votre épargne et le rendement obtenu par vos placements sont les deux points cruciaux pour une stratégie de capitalisation.
Voici deux tableau pour bien l’illustrer:
Quel capital attendre d’une épargne mensuelle de 100 Euros ?
Le résultat varie en fonction de la durée d’investissement et du rendement.
1 % / an | 2 % / an | 3 % / an | 4 % / an | 5 % / an | 6 % / an | |
5 ans | 6 154 € | 6 312 € | 6 474 € | 6 640 € | 6 809 € | 6 982 € |
10 ans | 12 623 € | 13 282 € | 13 979 € | 14 718 € | 15 499 € | 16 326 € |
15 ans | 19 421 € | 20 976 € | 22 680 € | 24 546 € | 26 590 € | 28 831 € |
20 ans | 26 566 € | 29 472 € | 32 766 € | 36 503 € | 40 746 € | 45 565 € |
25 ans | 34 075 € | 38 851 € | 44 459 € | 51 051 € | 58 812 € | 67 958 € |
30 ans | 41 968 € | 49 207 € | 58 014 € | 68 751 € | 81 870 € | 97 926 € |
Quelle épargne mensuelle pour atteindre un capital de 100 000 Euros ?
1 % / an | 2 % / an | 3 % / an | 4 % / an | 5 % / an | 6 % / an | |
5 ans | 1 625 € | 1 583 € | 1 543 € | 1 503 € | 1 464 € | 1 426 € |
10 ans | 792 € | 752 € | 714 € | 677 € | 641 € | 607 € |
15 ans | 515 € | 476 € | 439 € | 405 € | 373 € | 342 € |
20 ans | 376 € | 339 € | 304 € | 272 € | 242 € | 215 € |
25 ans | 293 € | 257 € | 224 € | 194 € | 167 € | 144 € |
30 ans | 238 € | 203 € | 171 € | 144 € | 120 € | 99 € |
Quels enseignements tirer de ces tableaux ?
Commencer le plus tôt possible est primordial. N’attendez pas d’avoir 50 ans pour penser à la retraite !
Par ailleurs on s’aperçoit en étudiant ces tableaux que plus la durée d’investissement est longue et plus l’impact de la hausse du taux de rendement est élevé. C’est logique du fait de la capitalisation: les intérêts produisent des intérêts qui eux-mêmes produisent des intérêts etc etc… Cet effet « boule de neige » est démultiplié au fil des ans.
On peut donc en déduire que plus votre horizon de placement est long et plus il est « rentable » de prendre des risques dans l’espoir accroître le rendement de votre épargne: l’impact est minime sur du court terme, mais majeur à long terme. Ainsi le 1er tableau montre qu’en passant d’un rendement de 1 à 6 % j’augmente mon capital final au bout de 5 ans de 13,5 %, contre 71,5 % sur 20 ans !
Et c’est d’ailleurs cohérent avec le fait que plus la durée de mon investissement est longue et moins je prends de risque en allant sur des supports dynamiques (comme des actions par exemple) puisque mes investissements réguliers, sur longue période, me permettent de lisser mes prix d’entrée sur les marchés: je n’investis jamais beaucoup au plus haut, ni au plus bas, mes prix d’achat se moyennent dans le temps.
assurance-vie, contrat de capitalisation et enventuellement PEA
Les enveloppes d’investissement adaptées à une capitalisation à long terme ne sont pas légion. En effet le support doit permettre pas mal de choses:
- une souplesse dans les versements
- une gestion si possible dynamique (au moins pour une partie des versements)
- une souplesse dans les retraits
- si possible une fiscalité avantageuse
Au final 3 enveloppes fiscales se distinguent:
L’assurance-vie, la star de l’épargne longue, souple et disponible
L’assurance-vie est un support parfaitement adapté à ce type de stratégie puisqu’il répond à tous les critères de sélection.
Voir notre sélection de contrats d’assurance-vie
Attention:
Si vous avez bien lu cet article vous avez sans doute compris que pour la phase d’épargne opter pour un fonds en Euros « classique », dont le rendement est très faible (et ne cessera pas de baisser dans les prochaines années) n’est pas la bonne solution. Selon votre degré d’aversion au risque opter pour un fonds en Euros dynamique, un fonds Euro-Croissance ou pour des Unités de Compte est plus adapté.
Une fois à la retraite la sécurité du capital devient prioritaire et une ré-allocation doit être envisagée afin de ne pas risquer de voir s’envoler son capital.
Le contrat de capitalisation, le cousin oublié de l’assurance-vie
Pour certains profils, notamment pour des investisseurs soumis à l’ISF, le contrat de capitalisation peut être une solution à envisager.
Sa gestion au quotidien étant très similaire à celle d’un contrat d’assurance-vie il me semble là aussi approprié de vous tourner vers des supports d’investissement susceptibles de générer des plus-values à long terme pour la phase d’épargne, puis vers des supports plus défensifs en phase de retraite.
Voir notre sélection de contrats de capitalisation
Le PEA, pour les investisseurs les plus dynamiques
Le Plan d’Epargne en Actions peut aussi avoir du sens pour capitaliser une partie de l’épargne retraite des investisseurs les plus dynamiques, et notamment pour ceux qui sont encore loin de l’âge du départ.
Toutefois, du fait qu’il ne peut être qu’investi en actions européennes (ce qui est restrictif) il ne me semble pas que ce soit le premier choix à adopter, mais plutôt un complément éventuel, envisageable pour des investisseurs dynamiques. Nous verrons dans un prochain volet de cette série d’article que sa capacité à être transformé en rente viagère non fiscalisée peut toutefois en faire un atout à ne pas négliger.
Voir notre sélection de PEA.
Pourquoi utiliser un rendement maximum de 6% sur le long terme quand on sait pertinemment que la bourse rapporte grosso-modo 9% avec le dividende sur le long terme.
De plus, si vous êtes une personne désireuse de se former par la lecture, les séminaires, les formations ou avec l’aide d’un mentor expérimenté, vous pouvez aspirer à des rendements supérieurs au marché, voire de 10% à 15% sur le long terme, juste en investissant de manière rationnelle et en allant à contre sens de la meute.
Je trouve déplorable le fait de faire peur aux gens avec la bourse autant que je trouve déplorable les promesses de rendements farfelus de l’ordre de 20%-30%-40% et plus que font certains escrocs via leur blog.
Obtenir un rendement annualisé de l’ordre de 10% à 15% sur le long terme est tout à fait plausible pour un investisseurs qui fait ses devoirs et qui dispose de la bonne mentalité pour investir en bourse, pour les autres il reste les fonds indiciels (trackers) qui leur permettront de réaliser un rendement d’environ 9% (dividende inclus) sur le long terme en ne faisant rien d’autre que d’alimenter leur compte en capitaux.
Le nivellement par le bas est aussi dommageable que les trop grandes aspirations.
Martin
Bonjour,
je me suis arrêté à 6 % essentiellement pour une raison pratique: chaque pourcentage nécessite des calculs, et je n’avais pas très envie de multiplier les simulations à l’infi 😉 L’idée était d’illustrer l’effet de levier de la rentabilité, pas de « borner » les rendements qu’il est possible d’obtenir.
Pour ce qui est du rendement à long terme de la bourse je crois qu’il ne faut pas non plus rêver: bien peu de gérants (et encore moins de particuliers) sont capables de générer une performance de 15 % / an. Parler d’un tel rendement n’a donc pour moi aucun sens, d’autant que l’immense majorité des investisseurs n’est pas prête à prendre les risques qui vont en face d’un tel objectif de performance. Il est déjà TRES compliqué de convaincre les investisseurs particuliers qu’il est dans leur intérêt de renoncer à se positionner sur des produits 100 % garantis en capital, alors leur proposer des solutions qui peuvent aboutir à des pertes annuelles de 40 – 50 ou 60 % ne me semble pas vraiment adapté.
La prise en compte de l’aversion au risque des investisseurs est essentielle.